Comme il l’avait annoncé chez nos confrères de RFI/France 24, Moïse Katumbi, l’opposant congolais fait son retour ce lundi en République démocratique du Congo (RDC), précisément à Lumumbashi, au cœur de la richissime région dont il était le gouverneur. Le patron du mouvement Ensemble fait un retour en homme libre, dans la mesure où, le pays changeant de président entre temps, les charges qui pesaient sur lui et qui l’avaient contraint à l’exil, auront été abandonnées. Un retour qui sonne comme un geste d’ouverture et de détente supplémentaire de la part du nouvel homme fort du pays. Mais un retour qui, à l’image de l’entente Kabila-Tshisekedi, atteste de la formidable capacité des politiques congolais, à dépasser leurs divergences, pour épouser le réalisme. Car, pour qu’il soit de nouveau autorisé à fouler le sol congolais, Katumbi a dû mettre de l’eau dans son vin.
Si l’ancien président Joseph Kabila demeure toujours le grand patron de l’espace politique congolais, force est de reconnaître qu’Etienne Tshisekedi trace son sillon. Bien entendu, n’ayant toujours pas réussi à composer son gouvernement, il demeure un président bancal. Cependant, même dans sa position de président à l’étroit, il a pris des mesures symboliques qui rassurent ses compatriotes. La libération des prisonniers politiques est une de ces mesures que salue l’opinion nationale et internationale. Et le retour, prévu ce lundi de Moïse Katumbi en est une autre. Un retour d’une portée telle que l’opposant qui voulait prendre part aux dernières présidentielles, en avait été empêché par les autorités qui avaient menacé de le prendre au cas où il remettrait le pied au pays. Réaliste, il avait préféré ne prendre aucun risque.
Et aujurd’hui encore, c’est bien le même sens de pragmatisme que fait valoir Moïse Katumbi. Autrement, lui qui est de la coalition Lamuka, de Martin Fayulu n’aurait pas consenti à se rabibocher avec le président Tshisekedi. En effet, au niveau de l’opinion publique aussi bien congolaise qu’internationale, une catégorie non négligeable reste convaincue que le véritable vainqueur des élections présidentielles de décembre dernier, est Martin Fayulu. Mais que dans le cadre d’un arrangement noué avec Kabila, Tshisekedi a été déclaré victorieux. Fayulu, lui, garde la pilule en travers de sa gorge. Aussi, à chacun des rassemblements qu’il a animés ces derniers temps, il n’a pas fait cadeau au tandem Tshisekedi-Kabila. Du premier, il exige d’ailleurs la démission.
Eh bien, Moîse Katumbi, lui aussi continue à penser que l’élection a été chaotique. Mais il ne va plus jusqu’à réclamer la démission du président de la République. Pour lui, il faut aller de l’avant et travailler à l’unité et à la réconciliation du pays. Et en langage facile, ça veut qu’il n’est peut-être pas prêt à travailler avec le président de la République. Mais en même temps, il ne fera rien qui nuira à ce dernier. Du moins jusqu’à un certain temps.
Boubacar Sanso BARRY
