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RIEK MACHAR A JUBA : Un espoir exagéré

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Après plusieurs rendez-vous manqué, il est enfin rentré hier à Juba, la capitale du Soudan du sud. Mais la précipitation avec laquelle Riek Machar, redevenu vice-président, a ensuite prêté serment, n’attendant même pas, comme cela était prévu qu’Alpha Oumar Konaré et Festus Mogae soient présents, en dit long sur la méfiance qui continue de régner au sommet de l’Exécutif. D’où l’intérêt de savoir si ce retour tant réclamé suffira à ramener la paix dans un pays qui, de son indépendance à nos jours, a davantage récolté les larmes que les rires. Surtout qu’en plus de la méfiance évidente entre Riek Machar et Salva Kiir, il faudra composer avec les rivalités voire l’inimité que se vouent les ethnies Dinka et Nuer et des milices tribales agissant pour leurs propres comptes.

La paix à marche forcée, c’est la stratégie sans alternative dont use la communauté internationale vis-à-vis du patient désespéré qu’est le Soudan du sud. Il est vrai qu’avec le peu de volonté dont font montre les différents protagonistes, on n’a pas trop le choix. Mais il n’est malheureusement pas certain que cette pression accrue et le suivi rigoureux dont ils font objet, suffisent. En cela, si le retour de Riek Machar dans la capitale sud-soudanaise est un symbole fort, son impact probable sur le processus de retour à la paix semble plutôt exagéré. Car au-delà de ce retour, les obstacles qui se dressent sur la voie qui mène à la normalisation et à la stabilité du pays, sont de taille.

En tout premier lieu, on a bien entendu la méfiance que se vouent le président et son vice-président. Une relation aigre-douce dont l’origine véritable réside dans le goût prononcé que l’un et l’autre ont pour le pouvoir et les privilèges auxquels il donne accès. Ensuite, il faudra surmonter les rivalités ethniques entre Dinka et Nuer. Tâche d’autant plus titanesque que les rapports entre ces grandes ethnies ont été pourris par les exactions qu’elles se sont infligées durant la guerre civile dont tente de sortir le Soudan du sud. Il y a aussi que dans le sillage de cette guerre civile des plus meurtrières, des milices tribales se sont constituées autour d’objectifs et d’enjeux aussi bien locaux qu’indépendants des intérêts des deux grands camps rivaux.

Pourtant, les raisons de consentir à la paix sont nombreuses et autrement plus nobles. Au nombre de ces raisons, il y a celle de permettre au dernier-né des Etats africains de faire face aux défis notamment économiques de son indépendance. Des défis si cruciaux qu’il s’agit, entre autres, de bâtir un Etat qui soit en mesure de s’acquitter des tâches régaliennes de souveraineté, de construire une économie aujourd’hui inexistante ou d’offrir aux populations les infrastructures (habitations, électricité, hôpitaux, écoles, routes, etc.) nécessaires à leur épanouissement.

Boubacar Sanso Barry


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